Chute libre en 2010 : l’infatigable attraction de la gratuité

Avion qui tombe
Source : National Geographic

Selon Neilson SoundScan, les ventes totales d’albums au États-Unis ont chuté de 12,7% en 2010. 326,2 millions d’albums, tous formats confondus, ont été vendus en 2010, alors que 2009 affichait des ventes à hauteur de 373,9 millions de copies. L’ensemble des ventes numériques de musique (albums, singles, sonneries, vidéos, etc…) ont chuté de 2,4%.

En revanche, les ventes numériques de musique à la pièce (singles) ont légèrement augmenté (+ 1%) en 2010, soit 1,17 milliard d’unités vendues; la croissance de celles-ci était de +8% en 2009 et de +27% en 2008. Selon Eric Garland (de Big Champagne), ce ralentissement, voire ce quasi-plafonnement des ventes numériques serait attribuable à l’augmentation de l’offre légale et gratuite de musiques en «streaming» (tels que Youtube, Vevo et Pandora).

La possession de la musique céderait-elle place à l’accès à la musique?

Autres faits intéressants en 2010

Les ventes de vinyles ont augmenté de 14% en 2010 (2,8 millions de copies vendues en 2010, contre 2,5 millions en 2009). Toujours en 2010, les labels indépendants états-uniens ont arraché près de 0,5% de la part de marché aux Majors.

27 commentaires sur “Chute libre en 2010 : l’infatigable attraction de la gratuité

  1. Pour ma part j’ai effectivement un compte abonné a Spotify… (9€99/mois et accès illimité à un très large choix musical).
    Je n’ai donc ni l’envie ni le besoin, soit d’acheter un album physique, soit de télécharger de la musique illégalement…

    « La possession de la musique céderait-elle place à l’accès à la musique? »
    Pour moi c’est oui

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  2. Je me demande même si la musique à la pièce ne connait pas une baisse.

    Compte tenu de l’amélioration de l’économie en 2010 par rapport à 2009, +1% ne devrait-elle pas être perçue comme un rendement négatif, une fois une certaine équation d’équivalence appliquée? Je sais qu’il y a un terme exact pour ça, il ne me vient juste pas à l’esprit en ce moment.

    En ce qui concerne les vinyles, je crois que ceux-ci ont connu une hausse par le simple fait que, de un, les artistes en lancent plus et, de deux, les tables tournantes USB sont de plus en plus omniprésentes. L’un ne peut aller sans l’autre.

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    1. Bonjour Jean,

      Bonne observation. Cependant, le +1% de ventes de singles numériques est en copies vendues et non en valeur monétaire.

      G.

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      1. Je me doutais bien que tes données concernaient le nombre d’unités vendues.

        Pourrais-tu affirmer, alors, que de plus en plus de simples se vendent 1,29 $ au lieu de 0,99 $ ? Que le dépassement du stade psychologique de « cennes » versus « dollars » ait favorisé le téléchargement illégal? C’est juste une observation, une tentative d’explication.

        Le streaming ne me semble pas assez une raison valable (selon mes habitudes personnelles) pour justifier ce plafonnement. Souvent, la qualité n’est pas au rendez-vous. C’est pour ça que j’essaie de regarder ailleurs pour tenter d’expliquer ce plafonnement.

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      2. @Jean Rouleau

        Je ne crois pas pouvoir affirmer que le changement de prix du Single numérique (récemment augmenté de 0,99$ à 1,29$) y est pour quelque chose – en terme de barrière psychologique – sur le ralentissement de la consommation légale. Selon moi, la vraie barrière psychologique est de «sortir sa carte de crédit»; et sortir sa carte pour 0,99$ ou 1,29$ ne change pas grand chose à mon avis.

        Si tu regardes les récentes études sur la part de la bande passante attribuable aux échanges P2P / Torrent, celles-ci confèrent à ce type d’échanges une part de 53,3% du trafic aux États-Unis, et de 90% en France.

        Or, à mon humble avis, ce plafonnement est justifiable à la fois par l’incapacité des Majors à faire désormais payer pour de la musique numérique (un bien non rival) , puisqu’elle est gratuite (ou en apparence gratuite) de manière omniprésente sur le Web, que ce soit à cause des téléchargements illégaux sur les systèmes de partage ou sur les sites légaux, en streaming.

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  3. Bonjour Guillaume,

    Ça fait un peu peur ce genre de statistiques, mais j’imagine que l’on trouvera un moyen pour s’adapter chaque fois qu’il sera nécessaire de le faire. Certains voudrons *toujours une copie ‘solide’ ou pour le moins ils voudront télécharger un album complet. La copie ‘solide’ viendra à un niveau plancher de vente qui, espérons-le, pourra être compensé par d’autres types d’entrées d’argent pour la viabilité d’un projet donné.

    *Je le dis avec réserve. Je crois qu’il y a encore trop de gens qui ne soient pas ‘full techno’. La cohorte 50 ans et plus par exemple. Le CD complètement virtuel serait une alternative avec plein de petits éléments hot pour divertir les fans (Est-ce que ça existe?).

    Certain que si la qualité ‘streaming’ youtube et compagnie satisfait aux fans, alors on est cuit. Nous découvrons le vrai goût du vin depuis plusieurs années maintenant. On a fini par comprendre que l’Oiseau bleu c’est de l’ostie de piquette :-))) C’est malheureux de savoir que nos connaissances en termes de qualité sonore d’une œuvre vont, elles, en régressant. (Drôle d’analogie 😉 )

    Bonne journée,

    Normand

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  4. De toute évidence, tu as le nez enfoui dans beaucoup plus de statistiques que la moyenne et ton raisonnement est sûrement plus près de la réalité que celle qui est mienne et qui prend naissance dans un tas de suppositions.

    Toutefois, étant un grand amateur de musique et possédant un iTunes gavé de près de 75 000 chansons, je peux aussi t’affirmer que de plus en plus d’artistes suivent les traces de Misteur Valaire et offrent leur musique gratuitement en téléchargement, pas seulement en streaming, alors que les majors eux, ont effectivement augmenter le prix des chansons à la pièce, d’où leur déconnexion évidente envers la nouvelle tendance. Dommage qu’avec deux canaux de ventes supplémentaires en 10 ans, (Amazon et cie pour la livraison d’albums physiques et iTunes et cie pour le téléchargement) ceux-ci n’ait pas ajusté leur stratégie efficacement et avec innovation.

    Mais, je te pose une question: si un artiste ne veut pas partir en tournée et faire des spectacles, mais simplement produire sa musique chez lui, quelles sont ses alternatives pour en vivre, si ce n’est d’écrire pour la publicité ou les films? Composer pour des interprètes? La gratuité peut-elle lui servir dans ce cas?

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    1. @Jean Rouleau en réponse à ta question :

      Mais, je te pose une question: si un artiste ne veut pas partir en tournée et faire des spectacles, mais simplement produire sa musique chez lui, quelles sont ses alternatives pour en vivre, si ce n’est d’écrire pour la publicité ou les films? Composer pour des interprètes? La gratuité peut-elle lui servir dans ce cas?

      Je te lance quelques questions pour répondre à la tienne : Que faisait les artistes pour vivre, lorsque le statut «d’artistes d’album» (comme Mike Oldfield avec Tubular bells) n’existait pas encore? Qu’est-il arrivé avec les créateurs, lorsqu’on a inventé la télévision et la caméra; lorsqu’on a planté une caméra devant une pièce de théâtre et qu’on a télédiffusé la pièce de théâtre dans les chaumières?

      La réponse qu’il me vient à l’esprit? Les créateurs se sont toujours mis à créer en fonction des possibilités technologiques. Lorsque la caméra et la télévision sont arrivées, on s’est mis à faire des émissions télé (complexes, comme Loft Story ou Tout le monde en parle); on a cessé de faire du théâtre devant une caméra. Avant que l’enregistreuse multipistes n’existe, on devait savoir jouer live et enregistrer sa pièce sur une seule piste, en un seul bout, sans retouche possible; on devait savoir jouer live; on ne créait pas en studio pour ensuite apprendre à jouer ses chansons et les exécuter devant public, une fois maitrisées.

      Le créateur s’adapte. Il ne meurt pas.

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      1. « Le créateur s’adapte. Il ne meurt pas. »

        Il s’adapte, mais y trouve-t-il nécessairement son compte? On verra toujours du contenu diffusé car il y a assez de créateurs pour ça, et cette vérité, ben, elle en cache peut-être une autre.

        Ce que je veux dire est que, justement, un gars comme Mike Oldfield (heureusement pour lui, il a produit à une époque où le disque physique se vendait bien), s’il lançait son album aujourd’hui et que, contrairement aux années 1970, il donnait son matériel, mais ne voulait pas donner de concerts?

        Dans ce cas-là, il serait le genre de créateur qui, à son époque, pouvait compter sur un modèle économique le servant à la perfection, alors qu’aujourd’hui, il serait dans l’obligation de donner des concerts, possiblement contre son gré.

        Donc, oui, la gratuité de la musique est un formidable outil pour « vendre » un artiste et générer un intérêt pour ses concerts.

        D’un autre côté, (et je relance peut-être un autre débat): si les artistes doivent se reprendre en spectacle pour récupérer leur mise… peut-être un jour, y aura-t-il trop de spectacles à l’affiche. L’offre pourrait-elle dépasser la demande?

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      2. @Jean Rouleau
        «Il s’adapte, mais y trouve-t-il nécessairement son compte?»

        De quel «compte» parles-tu? Celui de faire de l’argent ou d’être pauvre? Celui d’être connu ou inconnu?

        Est-ce que les créateurs d’antan trouvaient nécessairement mieux leur compte à l’époque? Ceux signés par des maisons de disques, peut-être. Encore que… c’est discutable. Mais les créateurs non-signés en carrière, malgré leur talent, comment trouvaient-ils leur compte avec l’album? Le vieux modèle n’était pas parfait.

        Dans le temps des Majors lucratives, il y avait beaucoup d’appelés et peu d’élus. Il y avait le A&R, ce personnage au «flaire artistique» absolu qui choisissait ce que sa maison de disque devait signer afin de plaire au «flaire artistique» des radios. Maintenant, tout créateur peut trouver son auditoire. En ce sens, tout créateur peut aujourd’hui «trouver son compte», s’inscrire dans sa culture et, éventuellement, se démarquer et monnayer sa notoriété; ce n’est plus une seule personne qui décide ce qui est bon pour des millions d’autres; chaque auditeur se prononce… Ce qui donc est intéressant survit.

        Un gars comme Mike Oldfield aujourd’hui – ou tout autre «artistes d’album» – créerait son œuvre par envie et non parce que l’art qu’il exerce est rentable. Remarque que l’oeuvre aurait très bien pu exister que sur partition. Mais elle aurait existé quand même, dans un autre format. Auquel cas, il aurait dû engager des musiciens pour l’exécuter devant public, plutôt que de jouer lui-même chacun des instruments sur des pistes séparées. Sans possibilité de faire des copies de son oeuvre sur des albums, il aurait été confiné à la jouer publiquement. Aujourd’hui, faute de pouvoir monnayer son oeuvre, il aurait toujours le choix de la créer et de l’enregistrer sur multipiste. La technologie multipiste existe et provoque l’innovation dans la création. Tout cela existe même si, en bout de piste, on ne peut désormais plus vendre l’oeuvre comme une marchandise.

        Robert Johnson a créé de la musique par nécessité : s’exprimer. S’exprimer par le «shout» et sa guitare. Ensuite, il a interprété son oeuvre. À souhait, voire jusqu’à épuisement tellement la demande pour l’entendre était au rendez-vous. Puis RCA Victor a capturé son oeuvre et l’a fixée sur un phonogramme. Ainsi est venue la possibilité de transformer la musique (un bien non-rival) en marchandise d’inventaire (un bien rival). Est-ce que Robert Johnson a créé de la musique dans le but de créer une oeuvre marchande? Ou dans un but de satisfaire un quelconque modèle économique? Non. Sans possibilité de faire des copies de son oeuvre sur des albums, il aurait été confiné à jouer son oeuvre publiquement pour gagner sa vie. Sempiternellement.

        Il m’apparaît évidement que, dans un contexte où les albums de Robert Johnson étaient des marchandises rivales, il (ou sa compagnie) faisait beaucoup plus d’argent en vendant des disques qu’en interprétant son oeuvre en spectacle. Mais cette époque est terminée. On l’observe depuis 2000 (une chute de plus de 50% du marché de la vente de la musique).

        Bien que la gratuité soit un merveilleux moteur de promotion d’une œuvre, celle-ci ne sera bientôt plus un choix, je pense. La gratuité deviendra une nécessité… faute de moyens pour monnayer l’oeuvre telle une marchandise.

        En terminant, je te dirais que l’offre de spectacles pourra à mon avis toujours dépasser la demande. Qu’à cela ne tienne, seuls les spectacles qui intéresseront la demande persisteront. Ce sera un bon incitatif pour les créateurs à toujours se surpasser. Ce qui est sain pour la création.

        Plus ça change, plus c’est pareil.
        🙂

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  5. Salut. Avec tout ça, j’ai bien hâte de faire imprimer des t-shirt avec _PIANO PUR_ dessus..Puisque ça semble être la seule façon que je puisse re-payer mes dépenses de production d’album de 13 000$!!! Et je ne compte pas le lancement là! Non, les personnes qui se servent à même le plat de bonbons sans scrupules ne sont évidemment pas des artistes…Y’a pas un artiste qui ferait ça à un autre artiste! Alors allez-y mes sans-talent j’ai confiance à la vie un jour vous vous retrouverez dans la même position que nous et vous réaliserai aussi que des artiste ça mange des fois! C’est quoi c’te principe de mou reçu! Pourquoi ce principe s’applique-t-il juste aux artistes??? L’«accès» à la musique!!! On as-tu l’«accès» aux pompes à gas???…L’«accès» au Provigo!! Bon c’est quoi le nu. tel. de la compagnie de t-shirts là…
    sincèrement
    S A N D R A B R A S S A R D sandrabrassard.com …p.s. y’a rien de gratuit là-dessus alors …au nom de l’Art au non dollars….
    p.s.2 Je suis plus de bonne humeur quand je ne parle pas de ça….

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    1. @Sandra Brassard

      Bonjour Sandra,

      Bien sûr que les artistes doivent vivre de leur art. Seulement, si la possibilité de monnayer la musique fond comme neige au soleil, il faudra se réajuster et monnayer autre chose.

      D’ailleurs, je t’invite à lire ceci pour mieux comprendre la différence entre les produits que l’on trouve chez Provigo ou à la station d’essence, et les produits dématérialisés que l’on trouve chez iTunes : Le bien rival versus le bien non rival.

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      1. Merci Guillaume

        je l’avais déjà lu ce truc: J’ai toujours ma musique même si quelqu’un la prend sans payer. C’est juste qu’à cause qu’un steak ne se copie pas on a pas le choix on le paye mais parce que c’est technologiquement possible, fuck la morale, on copie et on jouit de la musique sans payer! C poche que ça ne tienne qu’à ça.: se faire pogner ou pas…Les gens aiment les artistes pourquoi j’aimerais donc que ça paraisse pas plus que ça?

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  6. Je trouve particulièrement intéressante la partie sur l’augmentation de l’offre en streaming. Je m’étais un peu rendu compte de cela aussi, à quel point on peut facilement trouver des albums connus et moins connus complets sur, exemple, Youtube. Si on additionne cette tendance avec la montée des téléphones intelligents et des appareils électroniques 3G, il devient facile d’avoir accès en tout temps à du streaming et donc, à du contenu musical gratuit quand on le veut.

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  7. L’ère du CD de masse est fini, ils sont aujourd’hui un medium, une sorte de carte de visite. Il faut se faire a l’idée que n’importe qui, presque n’importe ou, peut écouter la musique qu’il veut. Internet comme vitrine! Regardez les grosse monture de la musique d’aujourd’hui l’argent est plus produite dans les produits dérivé (film, pub, presse, show, marketing) que l’artiste n’a plus besoin des profits des ventes. Maintenant qu’il nous dissent, les boss des majors qu’ils perdent de l’argent! Tout cela est si relatif…Les même patron de ses majors sont pour la plus part patron des grands studio de cinéma. Le fait est qu’en 2000 le box office a ramassé 7.7 Milliard de bénéfice, en 2010 il est devenu 10.3 milliard de dollaros. Les films sont bourrés de musique ce qui n’est pas négligeable pour un artiste. Et tout ce que cela apporte en visibilité (show, pub, marketing…) Un mécanisme bien huilé…même en temps de crise!

    Ce qui me fait sursauter est que malgré le streaming, le download …10.3 Billions comme ils dissent au states!!!

    un graph intéressant:

    a+
    bonne année 2011
    😉

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  8. On pouvait s’attendre à une baisse de vente des cds mais j’avoue être impressionnée par le 14% de plus pour les vynils ! Je sais qu’il existe un certain marché pour ça mais je ne pensais pas autant.

    Je ne sais pas trop pour l’industrie du livre. Les livres, même sur le net, ne sont pas gratuits mais moins chers qu’en version imprimée et il est certain que ça finira par paraître de plus en plus sur les ventes en librairie. Pour le moment, ça ne paraît pas encore tant que cela. Je sais qu’à partir de 2011, je recevrai mes premiers droits d’auteur pour romans vendus en ligne chez mon éditeur. Je verrai bien qu’est-ce que ça donne.

    Natasha

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  9. De mon point de vue, la chute des ventes de musique physique ou digitale est réelle et effective d’année en année. Et les ventes numériques ne pallient pas le déclin du physique. Que cela soit sur un album ou sur une piste. Est-ce dû au fait que les gens se sont tournés vers des offres de streaming (qui ne rapportent quasiment rien aux producteurs et aux artistes) ? C’est une première explication.

    On nous fait croire que le physique est mort et qu’il faut tout jeter par la fenêtre pour tout racheter en numérique (ce qui avait déjà été fait lors du passage du vinyle au CD). Mais le fait est que 80% des ventes de musique au monde se fait encore en physique (CD, DVD, Vinyle).
    je ne dit pas que l’on doit rester sur des modèles dit vieillissant, mais tout baser sur la dématérialisation n’est pas bon.
    On n’empêchera pas de penser que ce que j’ai sur mes étagères et dans mes bacs à vinyle définit ce que je suis.
    Pour ce qui est de CD1D, nous voyons aussi une augmentation des ventes et des clics concernant le vinyle. Est-ce un retour à l’acte d’écoute continue (tourner un objet et écouter toute une face, ne pas pouvoir faire NEXT sur un morceau…) ? Un acte de collection ? On se met tranquillement dans un fauteuil et on prend le temps d’écouter un vinyle du début à la fin, en admirant la pochette sérigraphiée ?

    Le clouding est (enfin c’est ce qu’on veut bien nous faire croire) l’avenir du divertissement, de la culture. La « non-possession » est de rigueur. Tout dans le could. Mais à quel prix ? Pour quelle garantie ? Une attaque de serveur ou bien un incendie et ce sont des milliers voir des millions de personnes qui perdent l’essentiel de leur discothèque ou de leurs données.

    De plus en plus de label, d’artistes se retirent de ces plateformes de streaming (Deezer, MusicMe, etc…) car ils n’y trouvent plus d’intérêt. Ils ont voulu tenter l’aventure – ces plateformes deviennent de réel média -, mais voyant que celles-ci utilisaient leur musique comme produit d’appel pour vendre de la pub, de l’abonnement et qu’il n’y a quasiment aucun retour financier, ils ont préféré partir. Mais se couper d’une visibilité sur un Deezer par exemple est perçu comme un acte désormais dangereux pour beaucoup de labels et artistes.
    Donner sa musique a du bon, mais le faire totalement est une erreur à mon sens. Les plateformes de streaming font croire aux auditeurs que la musique n’a pas de prix, puisqu’ils ne payent plus rien, c’est la pub qui est soi-disant rémunératrice pour les artistes et les producteurs mais l’utilisateur final lui ne débourse rien (on voit bien la peine qu’ont ces plateformes pour avoir un taux de transformation gratuit/payant sur de l’abonnement). Cela va sûrement devenir l’usage futur des biens culturels – la dématérialisation par abonnement – mais pour le moment l’économie est faible.

    Pour ce qui est de la constance du single (par rapport à l’album digital), on voit ici que les gens veulent avoir le choix (j’aime pas la piste 4 et 8, mais je préfère la 2 et la 5). C’est bien, mais coté fixation du prix c’est compliqué. Itunes a décrété un jour qu’un titre valait 0.99$ ; tous les autres se sont calés là-dessus. Mais on voit Amazon mettre des albums (pas forcément du back catalogue) à 3,99$ l’album (car ils se rattrapent sur autre chose) – Comment rendre sensé le fait que les titres 2 et 5 valent plus que les titres 4 et 8 ? Est-ce qu’il faut découper pour chaque piste ? De combien d’heures de studio a-t-on eu besoin ? Combien de musicien ? Pour en définir un de prix par rapport à l’album global ? Tout ça fait très marchand de poisson…

    Un peu long, peut-être…

    ++

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    1. @ fabien (CD1D)
      Concernant :

      Mais le fait est que 80% des ventes de musique au monde se fait encore en physique (CD, DVD, Vinyle).

      Il ne faut pas négliger que ce 80% peut aussi représenter moins sur la consommation globale de la musique, si on tient compte du fait que la balance de consommation (le 20% de téléchargements numériques «déclarés») n’est pas inclut dans les échanges de fichiers 2P2 / Torrents (qui représentent 53,3% du trafic web au États-Unis; 90% en France).

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  10. Observation intéressante.

    À long terme, avec internet haute-vitesse et mobile qui se démocratise et devient de plus en plus omniprésent, il semble effectivement de plus en plus possible que même un lecteur de musique portatif (Ipod et cie) devienne effectivement un genre de radio à la carte. Un jour, dans 10, 20 ans? Mais un jour, ce sera de l’ordre du possible.

    Je mentionne au passage que ce changement imposerait un retour intéressant à la base du droit d’auteur. Si la musique n’est plus possédée par l’auditeur, mais uniquement (ou presque) par le créateur, est-ce que ce dernier n’a pas encore plus de contrôle sur la diffusion de son œuvre, et ce contrôle n’est-il pas naturel? Personnellement, en tant que consommateur, j’ai toujours été frustré en achetant un mp3 de savoir que j’étais contraint dans le nombre de transferts que je peux en faire. Je comprend tout à fait la raison derrière cette limite, mais il m’a toujours semblé insensé que celui qui paie pour obtenir quelque chose ne puisse en disposer comme bon lui semble, alors que celui qui se le procure illégalement peut en faire tout ce qu’il veut.

    Ce rapport change totalement si l’usager ne paie plus pour obtenir un exemplaire, mais pour obtenir accès à une banque d’information.

    Néanmoins, si on regarde à aussi long terme, il ne suffit pas de prendre en compte l’évolution probable d’une seule technologie. Il faut prendre en compte les technologies concurrentes: les disques durs sont de plus en plus volumineux, on voit apparaitre des ordinateurs comme le nouveau Mac Book Air qui n’ont pas de disque dur, mais plutôt une carte flash, sans pièces mobiles, donc plus durable, et qui offre un accès aux données beaucoup plus rapide. La capacité de stockage augmente tellement vite qu’on en est rendu à rendre disponible des œuvres audio en format non compressé, donc d’une qualité imbattable. Alors que le stockage de la musique en format virtuel est de moins en moins problématique et que de plus en plus d’informations luttent pour un peu de bande passante, qu’est-ce que l’usager va privilégier avec les nouveaux moyens de communication? La musique en streaming va-t-elle céder sa place à un autre média que l’usager ne peut stocker et monopolisant la bande passante?

    Je crois que seul l’avenir nous le dira. Cependant, je précise que l’industrie de l’information elle aussi est en crise, pour sensiblement les mêmes raisons que l’industrie de la musique. J’étais hier soir à un spectacle de l’Orchestre Métropolitain de Montréal à la Place des Arts. Un photographe de je ne sais quel journal a passé la première moitié du spectacle à prendre des photos (de quoi? du chef d’orchestre de dos?), dérangeant une bonne partie de l’auditoire avec le son de son déclencheur. Il aurait été beaucoup moins intrusif et mille fois plus pertinent qu’il prenne un extrait audio ou vidéo (même la place des arts film le spectacle pour le diffuser « live » dans le lobby pour les retardataires!!) et de mettre ce contenu sur le site internet du journal.

    Bref, tout ça pour dire: la tendance streaming n’est pas forcément là pour rester. Le développement d’Internet influence beaucoup de domaines qui s’adaptent tous en même temps.

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  11. C’est des chiffres intéressants, je ne sais pas si on a pris en compte les différents album en 2010 et 2009; peut-être qu’en 2009, des gros titres sont apparus et qu’ainsi il y eu plus de ventes. Il y a aussi la radio internet qui diffuse de plus en plus de bons morceaux. 2011 nous réserve peut-être des surprises.

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  12. à la demande de guillaume (il le mérite bien) et pour le bénéfice de toutes et tous, je copie/colle à peu de choses près le courriel que je lui ai envoyé hier lundi.
    bonne lecture!
    ————–
    salut guillaume.

    j’ai trouvé les chiffres très corrects; je m’attendais à une catastrophe avec un titre pareil.
    certains diraient que c’est une catastrophe au ralenti, c’est vrai pour le support physique en général, pour l’argent aussi.
    surtout pour les gros dinosaures qui ont roulé longtemps sur l’or.

    ce que j’ai lu confirme les tendances des 5-6 dernières années:
    – y’a qu’en même des gens qui paient pour des fichiers (je suis agréablement surpris);
    – si la musique est bonne et surtout très bonne, si en plus l’auditeur est attaché à l’artiste, il va payer pour;
    – un cd, même avec des bonus (que je ne sais pas quel façon), ça sert de moins en moins;
    – un vinyle (à moins d’être francophone et de vouloir resté pris avec des caisses pleines chez vous), c’est encore cool: l’objet, croire que ça sonne mieux, devoir le manipuler, avoir les mp3 avec, etc…
    +
    – on sait qu’il y a encore des «choses» à vendre: vêtements, abonnements à j’sais-pas-quoi, des places de spectacles, etc…
    il y aura encore longtemps des gens pour mettre beaucoup d’énergie et d’argent dans cette «industrie» parce qu’ils veulent vendre des ipods, des voitures, des souliers de courses, leur catalogue sous un nouveau format, etc…
    – on peut aussi s’embarquer dans une discussion sur comment un subventionne «l’art» ici…

    je pense qu’il va se faire (si n’est pas le cas) un genre d’équilibre entre «possèder» et «avoir accès».
    y’en a qui préfère avoir une auto, d’autres prendre le taxi ou encore alterner.

    les artistes qui vont vraiment s’appliquer et créer des oeuvres qui se démarquent et/ou se tiennent soit dans le concept, soit dans le son, le lieu, les invités, risquent selon moi d’avoir peut-être moins de gens qui les écoutent, mais que ces gens-là soient des auditeurs attentifs qui voudront réécouter souvent l’album, pour se faire, voudront l’achèter, et qui seront probablement des fans qui suivront plus longtemps l’artiste, non?
    ça dépend toujours du genre évidemment.

    on se reparle.
    bonne route et bonne chance avec mv ainsi que dans tes folies personnelles.
    -domlebo.

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  13. Je pense aussi que c’est simplement un long processus d’adaptation de société à la base de tout ça. Les gens vieillissent, leurs enfants leur montrent que c’est facile et que la musique est accessible sur Internet mais surtout GRATUITE. Mais ils, vu la non-aisance d’Internet, ne voient pas que c’est un geste est illégal. Ils ne démontrent pas à leurs enfants et leurs petits enfants que c’est n’est pas bien. Donc, ils continuent. Tant que l’information et les médias ne feront pas circuler ce fait, les prix continueront à baisser. Les générations futures auront la connaissance et la logique que ce geste et illégal, mais d’ici là, les artistes payeront… dommage!

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  14. …et le jour où on se tannera d’attendre que « la société s’adapte », on songera peut-être à s’adapter à la société…

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