30 millions $ pour un service médiocre…

Récemment, on pouvait lire dans le magazine Le Mensuel de l’ADISQ un article indiquant que le Ministre de la Justice Jean-Marc Fournier avait déposé un projet de loi pour interdire les abus en matière de revente de billets de spectacles. À mon avis, ce n’est pas que la revente de billets qui est un problème pour l’économie du spectacle québécois. Le problème est bien plus complexe que ça. Je m’explique.

Je peux comprendre que l’ADISQ fasse présentement des pressions auprès du Ministre Fournier afin d’interdire les abus en matière de revente de billets de spectacles. Ça m’horripile de savoir que d’autres peuvent faire de l’argent sur le dos des consommateurs et des créateurs / producteurs. Mais ce qui m’horripile le plus, c’est de savoir que les billetteries officielles font d’ É N O R M E S profits sur le dos de notre culture, de nos spectacles et ce, au détriment des artistes, des producteurs et des consommateurs. Personnellement, je trouve ODIEUX que des jeunes de 18 à 34 ans aient à payer leur billet 4,80$ de plus (+15,48%), surtout lorsque les billetteries prennent cette argent et offrent un service médiocre en retour. J’en parle en profondeur dans cet article : Légifération de la revente de billets : un plaster sur le bobo?

Est-ce normal que les quasi-monopolistiques billetteries du Québec aient droit à 15% des 202 M $ de recettes de nos spectacles en 2010 (seulement dans les secteur de la musique, de la chanson et des variétés – voir source)? Je sors ma calculette et je remarque que ça fait plus de 30 millions de dollars de moins dans le poches des spectateurs-artistes-producteurs. Intense… Et après, on s’attaque aux revendeurs. Selon un communiqué envoyé par 2 revendeurs québécois la semaine dernière, ces derniers n’auraient pas fait plus de 900 000$ en chiffre d’affaires lié à la revente de billet de spectacles québécois en musique, en chanson et en variétés. Malgré ce faible revenu (moins de 1% de notre chiffre d’affaires spectacle au Québec) et contrairement aux billetteries officielles, certains revendeurs offrent la possibilité de rembourser leurs acheteurs qui en font la demande, dans un délais raisonnable.

Comprenons-nous bien : je n’essaye pas ici de défendre les cyber-scalpers… Je prétends qu’il y a plus qu’une simple réflexion sur la revente des billets; on doit se pencher sur l’ensemble de la vente de billets au Québec, toutes formes confondues. L’ADISQ doit s’attaquer à un problème beaucoup plus grand que celui du scalping.

Si l’ADISQ exhorte aujourd’hui le Ministre de la Justice à agir pour empêcher les cyber-scalpers de faire leur travail, je souhaite ici que la Ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, Mme Christine St-Pierre, encadre le secteur de la vente de billets au Québec afin de rendre nos billetteries moins gourmandes, plus efficaces, moins exclusives aux salles et plus transparentes avec l’information récoltée sur les acheteurs.

Utopie? Pas plus que de rédiger une loi pour pallier à l’incompétence de nos billetteries officielles.

9 commentaires sur “30 millions $ pour un service médiocre…

  1. Effectivement, il y a de quoi se poser des questions. Ce n’est pas la première fois que les politiques sont un peu largués lorsqu’il s’agit de Technologies de l’Information. Et encore je ne parle pas de la France et de la Loi Hadopi. Les marges des revendeurs sont trop grandes et c’est la même chose pour les grandes maisons de disque. D’un autre côté, il y a beaucoup de concerts gratuits à Montréal. Pour ceux que ca intéresse, je vous laisse aller constater le prix exorbitant des Francofolies en France (il faut acheter un PASS pour juste y rentrer). Les politiques pourraient se demander pourquoi il y a de la revente plutôt que d’adopter des politiques répressives vis-à-vis des re-re-revendeurs… Leur rôle est normalement de trancher et de protéger la population, pas les actionnaires. Sinon, à quoi sert l’État ?

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  2. Voici une réflexion fort intéressante sur le phénomène et la problématique qui en découle. Je crois qu’il y a là matière à discuter avec les divers intervenants impliqués dans cette situation, dont effectivement les décideurs au gouvernement provincial.

    Tout problème doit être regardé et abordé de manière globale (holistique) et non de façon linéaire et cloisonnée.

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  3. Pourquoi globaliser les billets de vente en premier lieu ?
    l’absence de bons gestionnaires et des artistes organisés rend toute cette discussion a big MESS. Pour chaque événement local laissez les artistes prennent en charge la vente de leur billets au prix exigé. Quoi qu’il arrive, après les scalpers ou des indivuels (non scalpers) pourraient revendre le billet à un prix si il ya une demande pour quelqu’un qui veut payer deux ou trois fois le prix! ….Quand il s’agit de l’argent tout est perdu. la musique, l’art, le star-system devient superficiel et franchement qui se soucie d’une vente finale et tant pis si elle est revendue! Le contrôle de la vente des billets est un outil qui doit être desserrer. Quand un billet est vendu. il est vendu. À moins que sur le billet, ils écrivent: ne peuvent être vendus ou revendus…comme ca l’équilibre du scalpage et de la revente sera une opération illégale? … zzzzz pourquoi ne pas faire toute vente et la revente de vieux enregistrements aussi dans le meme ca !!! ( tous des gens paieraient trois fois plus pour un vintage vynile ). bon bref : Les artistes doivent prendre en charge leurs propres ventes.

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    1. ‘Les artistes doivent prendre en charge leurs propres ventes (de billets).’

      Que ça serait génial!

      Je viens juste de faire une recherche de quelques heures sur Google avec cette idée en tête et j’ai peut-être trouvé un début de solution. Mais il y a des obstacles…

      La seule façon ‘gratuite’ que j’ai vu est l’installation d’un logiciel nommé Ticket Creator. C’est un logiciel qui ressemble aux logiciels que les billetteries ‘officielles’ utilisent. Le logiciel coûte de l’argent (±450$) mais une fois payé, les transactions sont gratuites (excepté bien sûr les frais de cartes de crédit (2,9%) et de poste). C’est juste en Anglais mais le tout semble simple.

      Créations de venues (salles), tickets avec barcodes scannables par cellulaire ou laptop, gestion de sièges numérotés, etc. C’est un logiciel qui s’installe sur votre ordi local.

      Le problème c’est qu’il faut quelqu’un pour s’occuper du logiciel qui n’est pas totalement automatisé (si j’ai bien compris). Donc, il faut poster les billets, gérer le logiciel, répondre au téléphone, s’ouvrir un compte Paypal marchant, etc. Mais avec un programmeur futé, il doit bien y avoir un ‘work around’.

      Il existe plusieurs services online (ex: topspinmedia.com), mais il y a des frais de 10-15%….

      La solution idéale serait un logiciel ‘server-side’ opensource qui ressemblerait à ticketcreator mais COMPLÈTEMENTautomatisé et qui s’intègrerait avec Paypal, par exemple.

      Et pour le référencement, les billetteries ‘officielles’ ne seraient pas dur à battre…. (:

      http://www.ticketcreator.com (ils nous permettent de l’essayer gratuitement)

      Le mad scientist musical

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  4. À quand les gestionnaires charismatiques et intelligents capables d’user de leadership et de vision. Pourquoi se limite-t-on à une solution quand on a pas pris le temps d’analyser l’ensemble de la situation. Le Québec manque sérieusement de perspective et mériterait de voir les projets/problématiques dans leur globalité en évaluant tous les aspects de front.

    Les artiste, producteurs et gestionnaires culturels ont du talent à revendre, écoutez- les et faites leur confiance…Ce sont les premiers à avoir de l’ENVERGURE!

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  5. ATTENTION: faut pas chercher à savoir qui est pire que l’autre. Si nous avons 2 party poopers et bien assumons qu’il y a 2 problèmes!! Les billetteries qui sont les pushers de de la beauté et de l’émerveillement (qui se gardent une cote trop grande) et les scalpers qui ont eu assez de couilles pour avoir feinté les pushers en place.

    Alors les amis artistes: si vous voulez pas qu’on tricote directement sur votre dos faudrait bypasser le système établi. La SOCAN et l’UDA pourrait pas s’en occuper des billets? C’est déjà eux qui nous donnent les redevances? (hypothèse comme ça) 30 millions en 2010 ça aurait pu payer quelques employés dans une organisation déjà existante… non?

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  6. 15 % en revente de billets, c’est bien peu à côté du 35-40 % de iTunes et ensuite, les cotes des distributeurs physiques (sur le numérique, mais aussi en magasin).

    Bref, HMV, Archambault, iTunes, les distributeurs, tous pigent et il reste pas grand chose à la fin…

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  7. Enfin! On en parle! Sommes-nous sur la voie du changement? Pas si sûr. Car si des millions sont en jeu, soyons certains que les lobbyistes seront au rendez-vous avec des budgets énormes. David contre Goliath !

    À propos du pourcentage, cela dépend évidemment du prix du billet. Le frais usuel est de 6$ par billet + 4,75$ pour l’envoi par la poste (pour un timbre à 59 cennes + enveloppe à 20 cennes, certainement un autre 4$ dans leurs poches). Prenons un exemple: Pascale Picard Band. Le prix pour étudiant est 25,50$ + 6$, ce qui fait 23,5% de frais! Misteur Valère? 27$ + 6$, donc 22%. J’ai vu un spectacle d’un groupe franco pour mes ados (je ne me souviens plus du nom) annoncé à 17$ + 6$, c’est bien 35% de frais! Un dernier exemple? Judas Priest: 64,50$ + …. 11,50$ par billet, soit 17,8% !! Est-ce normal que les frais de service soient doublés dans ce cas-ci? Ce n’est pas tout! Si on ajoute le 4,75$ pour la poste, pour une paire de billets, on passe respectivement à 32,8%, 31% et 21,5%. On est loin du 15% discuté ci-dessus…. Mettons les vrais chiffres sur la table. Et pour moi, 32%, c’est inadmissible.

    Par comparaison, les taux des cartes de crédit sont d’environ 12% si vous avez une entente spéciale, 19% pour la majorité des cartes et 28% pour celles de « dernier recours » (lorsque votre crédit est mauvais). Or, même si parfois le crédit est nécessaire, une telle carte est optionnelle. Vous pouvez toujours choisir de payer avec de l’argent OU payer le solde de votre carte à la fin du mois et éviter les intérêts. Mais dans le cas qui nous anime, nous n’avons pas le choix de payer des frais de service. Et « pas le choix » rime avec « monopole ».

    Il est là le problème. Les grands joueurs de l’industrie la possèdent mur-à-mur et écartent toute concurrence. Et plus leur pouvoir grandit, plus le nôtre diminue.

    Avant qu’il ne soit trop tard, il faut se mobiliser. Comment? En utilisant le pouvoir que chacun possède. Pour le public, en achetant le plus possible directement à la salle (certaines salles ne facturent pas (encore!) de tels frais), en décriant cette situation lorsqu’elle survient et en boycottant les sites de vente en ligne; Pour les artistes, en refusant par contrat de se faire imposer de tels frais de service, en se produisant dans des salles qui accepteront ces ententes, en vendant leurs propres billets avec des logiciels gratuits. Être créatif.

    Et en utilisant un allié de taille: le Web. Utilisons ce pouvoir pour faire changer les choses.

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