En avril 2008, Terry McBride, Président de la maison de disques Nettwerk (Barenaked Ladies, Sarah McLachlan) débarquait aux Rencontres de l’industrie québécoise de la musique organisée par l’ADISQ. Il avait illuminé quelques regards en présentant l’analogie de l’eau du robinet en comparaison avec celle embouteillée. «Pourquoi les consommateurs payent-il pour avoir de l’eau embouteillée, alors qu’elle est gratuite dans les robinets?». Pourquoi la paye-t-il plus chère le litre que l’essence de nos voiture? La réponse est simple : accessibilité, transportabilité, prestige et autres valeurs ajoutées. «Ne vous battez pas contre le piratage de la musique; servez-vous en pour accroître sa notoriété et vendez sa valeur ajoutée sous forme de produits dérivés». Voilà l’essentiel des propos de Terry McBride.
Or, l’hypothèse selon laquelle le MP3 est à l’eau, ce que le disque est à la bouteille semble gagner de plus en plus d’adeptes. Un de ceux-ci est le groupe Misteur Valaire qui, en septembre 2007, lançait un album complètement gratuit accessible en téléchargement libre dans le format désiré (.mp3, .wav, .flac, .ogg, etc…). Depuis le lancement, plus de 33 000 copies de leur album ont trouvé preneurs (chiffres en date du 1er juin 2009).
Le modèle économique de Misteur Valaire est simple : «Échanger son album contre le courriel de l’utilisateur-téléchargeur et communiquer directement avec ses consommateurs pour promouvoir les «produits dérivés» de sa musique, tels le spectacle, les activités diverses et, même, le disque physique.
Ainsi, le 14 mars 2009, le groupe a réussi à remplir le Club Soda (945 personnes payantes) à 19 $ et 23 $ le billet. Le disque (gratuit en téléchargement) et les T-shirts à l’effigie du band se sont aussi vendus comme des petits pains chauds à la table des produits dérivés. Ironiquement, ceux qui ont téléchargé gratuitement l’album recherche la «vraie» version du disque, désormais une pièce de collection.