A.2 – Soutenir la création numérique originale

En résumé : Soutenir la création numérique originale dans toutes les disciplines, sur toutes les plateformes. Décloisonner les disciplines dans le cadre des programmes de subvention. Soutenir et encourager la création d’œuvres numériques inédites destinées aux plateformes numériques Web et mobiles, ainsi qu’aux écrans des espaces publics intérieurs ou extérieurs.

Mes commentaires : Soutenir, certes. Mais avec un retour d’ascenseur svp. Si l’État québécois finance la création d’une oeuvre, aussi multi-disciplinaire soit-elle, cela veut dire que vous et moi, contribuables-payeurs-de-taxes, participons indirectement à rendre sa création possible. Nous devrions donc avoir accès facilement à ces créations qui, sans notre argent collectif, n’existeraient tout simplement pas (ou en moins grand nombre). Par exemple, la SODEC a contribué 1,5 M$ sur le montage financier de 8M$ du film «Louis-Cyr», sans compter l’apport de Téléfilm Canada dont je ne trouve pas les chiffres en ligne (transparence ?!). Déjà seulement au Québec, on finance 18,75% du film. Sans compter la partie financée par Téléfilm Canada, puisant en partie ses fonds dans une de nos deux poches, celle du bon contribuable canadien.

Sachant bien que l’initiative privée (par exemple, les producteurs de films ou de musiques) a besoin d’un incitatif financier pour s’engager dans le risque de la production de contenus culturels, il serait nécessaire de réserver aux producteurs une période d’exclusivité d’exploitation, leur permettant de couvrir leurs frais et de tirer du profit. Une fois cette période d’exclusivité levée, le contenu devrait tomber en pleine accessibilité à tous, plutôt qu’aux oubliettes. Une telle libération de notre catalogue culturel rapporterait sans doute beaucoup plus à notre collectivité, d’un point de vue «richesse culturelle», qu’elle n’en rapporte aujourd’hui à quelques producteurs et diffuseurs faisant du millage sur des oeuvres – en principe -publiques ou semi-publiques, puisque financées en grande partie par l’État.

À l’instar de l’industrie pharmaceutique qui jouit d’une période d’exclusivité d’exploitation sur les pilules qu’elle invente (brevet), la période d’exploitation exclusive d’un film ou d’une chanson ne devrait pas s’éterniser dans le temps. Actuellement, toute telle exclusivité a une durée moyenne de plus de 100 ans (50 ans après la mort de l’ayant-droit). Particulièrement dans le contexte numérique actuel, cette exclusivité s’applique au détriment de l’accès de la collectivité à sa propre culture existante qui, disons-le franchement, ne devrait pas être considérée comme une «marchandise», encore moins ad vitam aeternam.

Mieux encore : Nous pourrions être plus généreux avec les producteurs et créateurs plus généreux. Par exemple, un auteur-compositeur et interprète pourrait toucher 150% d’un paiement régulier d’une subvention, s’il choisissait de permettre immédiatement à la collectivité le «partage», l’«adaptation» (remix) et la «diffusion à des fins non-commerciales» de son oeuvre. L’univers des licences Creative Commons offre toute une panoplie de possibilités de disposition de son oeuvre, allant de l’abandon d’une oeuvre à la collectivité à la conservation de ses droits de manière exclusive.

Autre point : La contrainte de la «distribution reconnue» comme critère d’admissibilité à des subventions devrait être abolie et remplacée simplement par l’obligation d’une «accessibilité en ligne». Le fait qu’une oeuvre soit rendue accessible via une plateforme comme Soundcloud ou Bandcamp devrait constituer une «distribution» du contenu, au même titre que celles offertes par les distributeurs reconnus.

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