Culture : Voir venir les Icebergs

Dans mon univers, celui de la musique, il me semble évidement que le changement s’opère constamment, sans répit, depuis un bon bout de temps…. Depuis Napster (en 1999), depuis iTunes (en 2001), depuis Myspace (en 2003), depuis Facebook (en 2004), depuis Youtube (en 2005), depuis Spotify (en 2006), depuis Soundcloud, depuis Bandcamp (en 2007), depuis Deezer (en 2007), Last.fm (en 2008) et Rdio (en 2010), une seule constante persiste : la technologie se révolutionne année après année et les modèles d’affaires qui s’y rattachent s’imposent et deviennent sournoisement les nouvelles normes.

On remarque qu’entre 1998 et 2010, il est apparu autant de plateformes et d’outils en ligne que de nouveaux modèles d’affaires. 12 ans dans le milieu technologique, c’est la période nécessaire pour que l’ingéniosité révolutionne complètement celle d’avant. À preuve : il n’est plus question aujourd’hui de télécharger un mp3 (donc de posséder), tel n’est plus l’enjeu; il est plutôt question d’accéder à 25 millions de chansons en ligne, à souhait, pour moins cher mensuellement que l’achat d’un album complet sur iTunes.

Qui aurait cru que Netflix (lancé en 1998) ferait s’effondrer l’industrie de la location de films vidéos et, à terme, la consommation du cinéma en salle? Pourtant, personne n’avait vu cela venir… personne en l’an 2000 n’avait imaginé que ce modèle, celui fondé sur l’accès au contenu par abonnement, deviendrait LE modèle d’aujourd’hui en musique, ce au détriment des revenus des créateurs et producteurs de contenus.

Or, pour éviter d’être à la remorque de la technologie, en tant que société, on doit constamment demeurer aux aguets des tendances et appréhender où elles nous mènent. Et comme la plupart de mes collègues dans l’industrie de la musique ont vu leurs revenus «fondre comme neige au soleil» depuis Napster, tout le monde pédale pour survivre. Pas de place pour penser à long terme. De moins en moins de temps pour s’attarder aux enjeux de demain, surtout. Règle générale, dans cette industrie, on se demande souvent plus si notre entreprise aura les moyens de subvenir aux prochains cycles de payes qu’on ne puisse s’imaginer quelle sera la prochaine «patente», the Next Big Thing, qui aura définitivement un impact (positif ou négatif) sur nos modèles d’affaires.

Voilà donc pourquoi il est vital que le Ministère de la culture, conjointement avec la CALQ et la SODEC, mettent sur pied une Vigie sur la culture et le numérique constituée de professionnels issus de plusieurs milieux (voir en détail la proposition de musiQCnumeriQC) qui aurait pour tâches de :

  • sonder en temps réel les opinions et les besoins des intervenants culturels ;
  • déterminer le processus et les règles de consultation ;
  • identifier des indicateurs clairs et pertinents pour mesurer l’atteinte des objectifs.
Lookout boy aloft, by Harrison Weir
Lookout boy aloft, by Harrison Weir

Un peu comme le bonhomme qui monte tout en haut du mât d’un bateau pour sonder l’horizon et prévenir le capitaine lorsqu’il y a un «Iceberg droit devant», une telle vigie devient déterminante pour nous aider collectivement à naviguer au travers des bouleversements numériques.

Quel impact aura l’imprimante 3D dans la création d’oeuvres d’art? C’est le genre de question à laquelle je ne répondrai pas ici… Mais à laquelle on se doit de répondre, collectivement, en tant que société.

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